Lundi Gris
C'était un jour de pluie, un de ces jours où tout est gris, où le ciel se confond avec la terre comme pour se crucifier en elle. C'était un lundi, un de ces lundi qu'on n'aime pas pour diverses raisons.
Mais ce lundi de pluie, elle n'est pas prête de l'oublier, car sa vie est partie avec le train de ses souvenirs. Elle était seule sur le quai sordide de cette gare de campagne, regardant s'éloigner ce monstre de ferraille qui emportait avec lui l'amour de sa vie. Ses larmes de tristesse se mélaient aux gouttes de pluie, détrempant son maquillage et faisant de son visage un masque grostesque de Pierrot malheureux. Mais elle s'en moquait, secouée par les sanglots elle regardait au loin ce qui n'était plus qu'un point minuscule sur le ruban de fer. Elle restait là, incapable de bouger, figée comme une statue à attendre un avenir qui faisait partie désormais de son passé. La pluie redoublait d'intensité ; ses larmes aussi. Elle avait l'impression de s'enfoncer dans un gouffre noir, sans fond. Plus jamais elle ne reverrait le soleil. Sa vie serait triste et grise comme ce lundi.
Finalement, glacée, meurtrie, souillée par cet amour dont il n'avait pas voulu, elle se retourna et lentement, au prix d'un effort insurmontable, elle commença à rebrousser chemin. Elle marchait sans but, repoussant le moment où il faudrait rentrer chez elle et se retrouver face à face avec ses souvenirs. Pourquoi ne l'aimait-il pas ? Pourquoi l'avait-il repoussée ? Elle était épuisée par le chagrin qui la minait et par tant de questions restées sans réponse.
Plus jamais elle n'aimerait, c'était trop cruel. L'amour n'est que désillusion et souffrance, alors à quoi bon lutter....
Catetoile
